De Passage – un voyage immobile entre ici et ailleurs

L’exposition photographique De Passage, présentée à l’Espace 7 (7 rue Saint-Sabin, Paris 75011) du 18 au 25 avril 2025, met en dialogue deux univers sensibles. Amis de longue date, Wendel Nazaire et Everdy Ndombaxe ont conçu ensemble cette série comme un « voyage immobile », une exploration du foyer intérieur rendu visible par leur regard complice. Leurs clichés forment un corpus commun où s’entrelacent leurs sensibilités : Wendel travaille en couleur, Everdy en noir et blanc. Ensemble, ils tissent le portrait d’une amitié créative, dont l’écho se ressent dans chaque image.

Temporalité, mouvement et mémoire

Chaque photographie de De Passage semble capturer un fragment fugace de vie. Les sujets sont souvent flous ou saisis sur le vif, comme pris sur le pas de la porte entre deux lieux ou deux instants. Cette mise en scène donne à l’exposition une atmosphère à la fois douce et incertaine, quelque part entre contemplation silencieuse et souvenir qui s’échappe. Le visiteur ressent la fluidité du temps : chaque image invite à méditer sur l’instant présent. Comme le note le photographe Stephen Wilkes, la photographie peut « condense[r] le temps en une seule image » ​nationalgeographic.fr. Ici, chaque cliché volé au temps suspend l’instant, empruntant au regard celui du témoin silencieux du « temps qui passe ». Au final, l’ensemble des images crée un sentiment de traversée : chaque photo fait figure de pont jeté entre un point de départ et un lieu d’arrivée, embarquant le regard dans un voyage intime entre passé et présent.

Identité diasporique et quête d’un chez-soi

Au-delà du mouvement, De Passage explore puissamment la question de l’identité diasporique et de la quête d’un « chez-soi ». Wendel Nazaire et Everdy Ndombaxe incarnent chacun une double appartenance : leurs parcours personnels sont marqués par l’exil et la recherche d’un lien avec leurs racines lointaines, tout en étant ancrés dans le présent parisien. Comme le rappelle le Musée de l’Immigration, la diaspora désigne des « populations chassées de leur pays » qui « se réfèrent à un territoire perdu, point de départ d’une vie rythmée par la mobilité » ​histoire-immigration.fr. Les photographes illustrent cette idée en mixant l’ici et l’ailleurs dans leurs images. On y retrouve parfois, en creux, un motif architectural familier ou un détail du quotidien hérité d’une autre culture – autant de signes que le foyer peut se reconstruire hors des frontières. Chaque cliché superpose l’immédiat et le lointain, traduisant la complexité d’une identité tissée de plusieurs mondes. Dans cette profondeur diasporique, les photos évoquent non seulement le récit d’un voyage ou la solitude du déraciné, mais aussi l’histoire d’un retour et de retrouvailles réinventées. C’est la trace d’un cheminement commun et d’une pluralité culturelle qui transparait dans le regard porté par les deux artistes sur le monde.

Complicité artistique et conversation visuelle

La complicité entre Wendel Nazaire et Everdy Ndombaxe transparaît dans chaque image. Amis dans la vie, ils ont construit ensemble cette exposition comme une conversation à deux voix. Chacun exprime son univers, et leurs œuvres se répondent comme dans un dialogue muet : la vivacité colorée de Wendel entame les mêmes histoires que la gravité en noir et blanc d’Everdy. Ce contraste n’est pas fortuit : d’un côté, la palette riche et chaleureuse de Wendel capte l’énergie du présent et la lumière du quotidien ; de l’autre, le noir et blanc d’Everdy dégage une mélancolie douce, comme le souvenir d’un monde ancien. Leur pari collectif fait sens : ces deux regards complémentaires illustrent la même idée de passage et de mémoire. La juxtaposition des images crée alors une sorte de musique visuelle, où chaque photo répond à la précédente. Cette mise en miroir des styles – couleur contre monochrome, éclat contre ombre – enrichit la portée émotionnelle de De Passage. Au final, au-delà des thèmes explorés, c’est l’amitié entre les deux artistes qui fait tenir cette œuvre commune. Par leur confiance et leur écoute mutuelle, ils offrent au visiteur une balade photographique intime, émouvante et lumineuse.


Pour prolonger l’expérience, les univers de Wendel Nazaire et Everdy Ndombaxe sont à découvrir sur Instagram.

instagram.com/wendelnazaire

instagram.com/everdyluvy


Sources : Des analyses contemporaines soulignent que la photographie peut « condense[r] le temps en une seule image » ​nationalgeographic.fr et que la diaspora fait référence à un « territoire perdu, point de départ d’une vie rythmée par la mobilité » ​histoire-immigration.fr, notions éclairant les œuvres de De Passage. Ces citations permettent de situer la démarche des deux photographes dans un contexte plus large de mémoire et d’identité culturelle.

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